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    Camp de Voves

    Entrée administrative 

     Dans l'océan de blés de la beauce chartraine, il est un lieu dont les panneaux à l'entrée de la ville indiquent : "Voves Cité des Patriotes" . La raison est que cette ville à eu sur son sol un camp d'internement administratif .

    Le Décret du 12 novembre 1938, permet d'interner les étrangers indésirables dans des centres spécialisés. Jusqu'en 1946 plusieurs centaines de milliers de femmes et d'hommes ont étés ainsi internés et celui de Voves ne faisait pas exception à la règle.

     

    André Thibault, chez lui dans le Loir et Cher


    Le décret du 18 novembre 1939, permettait l'internement administratif des communistes, sur simples suspitions d'atteinte à la sureté de l'état. L'instauration de l'état français 10 juillet 1940, communistes, politiques, étrangers et juifs, seront les victimes désignés d'une grande répression.
     

     

    Dès 1918, un camp militaire avait été créé pour des éléments de l'aviation, et du 1er novembre 1930 jusqu'au 13 juin 1940, des soldats du Génie furent détachés pour construire un camp militaire et des soldats de la D.C.A. furent cantonnés à Voves, mais le camp militaire ne put jamais être terminé. Après la défaite de l'armée française, en juin 1940, les autorités d'occupation y installèrent pendant quelques mois un camp de prisonniers de guerre qui reçut au plus fort de son occupation 3500 personnes. Dès les 20 et 21 juin les prisonniers de guerre arrivèrent par petits groupes ou par vagues de mille cinq cents à deux mille hommes. Il y eut pour les abriter jusqu'à cinq camps différents (à l'usine et dans le camp proprement dit pour les Français, à l'école libre et à l'école de garçons pour les officiers, aux abattoirs pour les Africains, à la caserne de gendarmerie pour les Alsaciens-Lorrains).
     

     

    A compter du 15 août 1940 beaucoup de prisonniers furent regroupés à Châteaudun et le camp se vida progressivement jusqu'à la date du 25 décembre 1940 où ceux qui restaient encore furent emmenés en Allemagne. Après être resté inutilisé pendant les deux mois d'hiver, le camp fut à nouveau occupé par une cinquantaine de Nord-Africains.
     

     

    A la fin de 1941, 30 internés du camp d'Aincourt (Seine-et-Oise) furent dépêchés pour aménager le ''Centre de séjour surveillé de Voves''. Ce camp reçut les premiers internés le 5 janvier 1942.

     

    André Migdal rend hommage à son camarade André Thibault


    Le camp de Voves avant 1942


    En septembre 1939, la commune de Voves en Eure-et-Loir compte 2017 habitants. C’est un chef-lieu de canton situé à 23 km au sud de Chartres. Le réseau de communication y est dense. Outre les liaisons des chemins de fer Paris-Tours par Vendôme, Orléans-Rouen, par Chartres, Voves-Toury, il existe des dessertes routières et une liaison autobus Voves-Toury. Tout cela facilite la circulation des voyageurs et des marchandises dans la région et vers Paris. 

    Il est fait mention dans des registres de présence de proxénètes et de droits communs dans le camp, il faut savoir qu'à plusieurs reprises ces deux groupes tentèrent de prendre de l'ascendance sur les politiques mais n'y arrivèrent jamais. Il est évident que cela aurait  arrangés les autorités du camp.

    A partir du 19 juin, les prisonniers français arrivent et sont parqués dans les installations existantes. Le lieu s’appellera désormais « le camp ». Il sera : 

    Fronstalag n° 202 en 1940 et 1941.
     Centre de séjour surveillé n° 15 de 1942 à 1944. 
     Dépôt de prisonniers de guerre de l’axe n°502 de 1944 à 1947. 

    Par la suite, les départs vers l’Allemagne s’échelonnent sur plusieurs mois. L’abbé PORTAL, curé de la paroisse fait état du passage de 10.000 hommes entre juin et décembre 1940. 

    Le 15 mars 1941, un contingent de prisonniers nord-africains arrive. Toujours d’après l’abbé PORTAL, ces hommes, au nombre de 3000, sont évacués dans la deuxième quinzaine de juin pour une destination inconnue. Pendant six mois, le camp reste sans occupant.

    L’ouverture du camp de Voves

    Le 14 novembre 1941, Pierre LE BAUBE est nommé préfet d’Eure-et-Loir. Le 30 décembre 1941, il écrit au préfet régional : « Je vous signale que pour le camp de prisonniers de Voves, actuellement sous autorité allemande, j’envisage sa transformation en centre d’internement administratif. Le projet est actuellement à l’examen du Ministre ». Le directeur du camp d’Aincourt est d’ailleurs sur place pour modifier les installations dès le 20 décembre 1941. Le camp de Voves ouvre ses portes le 5 janvier 1942 et devient alors « Centre de séjour surveillé ». Doté d’une imposante clôture de barbelés, d’un dispositif de guérites, de miradors, de projecteurs, de fusils-mitrailleurs, le camp est placé sous administration française. Les directeurs du camp sont bien souvent d’anciens militaires secondés d’inspecteurs de police, aidés de gardes civils et disposant d’une administration civile. Un important détachement de gendarmerie assure la garde. Le tout est supervisé par le préfet, représentant du gouvernement de Vichy, et les autorités d’occupation.

    Le camp de séjour surveillé est un camp de concentration parmi d’autres ; c’est un réservoir d’otages où les internés peuvent être : 
     puce.gif  sortis et dirigés vers les lieux d’exécution 
     puce.gif  transférés, le plus souvent vers Compiègne, pour être déportés en Allemagne.

    Les travaux de réaménagement du camp sont confiés aux premiers internés qui arrivent d’Aincourt (proche de Mantes la Ville) ; Le chef de chantier est choisi parmi eux. Le camp de Voves n’est conçu que pour recevoir des hommes. Les motifs d’internement sont variables : activité politique illégale, activité résistante, situation d’indésirable (c’est-à-dire souvent « étranger ») et droit commun. Un groupe marque pourtant la vie du camp en imposant son organisation : celui des internés militants communistes. Cette prédominance se retrouve à tous les niveaux : activité clandestine, défense des conditions de vie, création d’une université.... L’arrivée de détenus en provenance de Châteaubriant renforce cette organisation clandestine ; le souvenir des martyrs du 22 octobre 1941 reste dans les mémoires. 

    De janvier 1942 à mai 1944, près de 2040 internés séjournent à Voves pour des périodes plus ou moins longues qui peuvent aller d’une semaine à deux ans. L’effectif maximum d’internés présents au camp est de 976 en octobre 1942.

    Les transferts

    La plupart des internés passés par Voves ont déjà séjourné dans d’autres camps ou dans des prisons. Ceci s’explique par les grandes vagues d’arrestation survenues en 1940 et 1941 alors que Voves n’ouvre ses portes qu’en 1942. L’histoire du camp est rythmée par les départs et arrivées d’internés.

    Les principales arrivées : 

    puce.gif  le 16 avril 1942 : 60 internés en provenance du dépôt de la Préfecture de Police de Paris
    puce.gif  les 23 et 26 avril 1942 : 153 internés en provenance d’Aincourt (Val d’Oise)
    puce.gif  le 4 mai 1942 : 58 internés en provenance de Gaillon (Eure)
    puce.gif  le 5 mai 1942 : 149 internés en provenance d’Aincourt (Val d’Oise)
    puce.gif  le 7 mai 1942 : 424 internés en provenance de Châteaubriant (Loire-Atlantique)
    puce.gif  le 5 juin 1942 : 34 internés en provenance du dépôt et 9 en provenance des Tourelles (Paris)

     
    puce.gif  le 4 septembre 1942 : 20 internés en provenance de Vaudeurs (Yonne)
    puce.gif  le 9 septembre 1942 : 83 internés en provenance d’Aincourt (Val d’Oise)
    puce.gif  le 31 octobre 1942 : 20 internés en provenance de Rouillé (Vienne)
    puce.gif  le 14 janvier 1943 : 70 internés en provenance des Tourelles (Paris)
    puce.gif  le 16 juillet 1943 : 20 internés en provenance de Rennes (Ille-et-Vilaine)
    puce.gif  le 19 novembre 1943 : 116 internés en provenance de Pithiviers (Loiret)
    puce.gif  le 22 novembre 1943 : 115 internés en provenance d’Ecrouves (Meurthe et Moselle)
    puce.gif  le 30 décembre 1943 : 41 internés en provenance de Laleu (Charente-Maritime)
    puce.gif  le 12 avril 1944 : 11 internés en provenance de Rouillé (Vienne)

     Les principaux départs : 

    puce.gif  les 10 et 20 mai 1942 : 109 internés à destination de Compiègne-Royalieu (Oise) - 93 font partie du convoi dit des « 45 000 » du 6 juillet 1942 dirigé sur Auschwitz-Birkenau le 6 juillet 1942. On compte 6 survivants en 1945 -.

     
    puce.gif  le 6 octobre 1942 : 20 internés à destination de La Rochelle (Charente-Maritime)
    puce.gif  le 20 octobre 1942 : 7 internés à destination de Drancy (Seine-Saint-Denis)
    puce.gif  le 31 octobre 1942 : 20 internés à destination de Rouillé (Vienne)
    puce.gif  le 12 octobre 1943 : 42 internés à destination de Romainville (Seine-Saint-Denis)
    puce.gif  le 18 novembre 1943 : 711 internés à destination de Pithiviers (Loiret)
    puce.gif  le 9 mai 1944 : 407 internés à destination de Compiègne (Oise) - la plupart sont dirigés sur Neuengamme via Buchenwald le 21 mai 1944 -

     

    Les évasions

     

     

    Entre le 11 juin 1942 et le 6 mai 1944, 20 évasions ont lieu, permettant à 82 évadés de recouvrer la liberté. Ainsi, en janvier 1943, 10 hommes, déguisés en gendarmes réussissent la belle. L’un d’eux, René SENTUC, victime d’une sciatique aiguë, est repris le lendemain... Il s’évade de nouveau en mai 1944.
    Le 19 février 1944 commencent les travaux d’un tunnel de 148 mètres au départ de la baraque des douches. Les travaux bénéficient notamment de la compétence de mineurs du Nord et permettent l’évasion de 42 détenus dans la nuit du 5 au 6 mai 1944. 

    La liquidation du camp

    Dans la crainte d’un débarquement allié sur le front de l’ouest, les autorités d’occupation préparent les transferts des prisonniers et des internés vers l’Allemagne : on vide les prisons et les camps. Le 9 mai 1944, un détachement allemand arrive de Chartres et procède à la liquidation du camp. Les SS font embarquer les 407 internés encore présents dans des wagons à bestiaux. Le convoi est dirigé vers Compiègne. De là, le 21 mai 1944, les « Vovéens » intègrent un transport d’un millier d’hommes qui prend la direction de Neuengamme via Buchenwald. Enregistrés dans la série des matricules 30.000 à 32.000, ils sont affectés pour la plupart au kommando de Bremen-Farge, et participent à la construction du bunker de la base « Valentin », surnommé le « tombeau des Français ». Les deux tiers des déportés issus de Voves périssent, pour certains dans le naufrage des bateaux de la baie de Lübeck le 3 mai 1945.

    Sources :
    puce.gif  Archives Départementales d’Eure-et-Loir
    puce.gif  Archives du Comité du Souvenir du Camp de Voves
    puce.gif  André MIGDAL, Les plages de Sable Rouge, NM7 Editions, 2001
    puce.gif  André MIGDAL, Chronique de la base, Editions Auteurs du Monde, 2006
    puce.gif  Etienne EGRET, Ami entends-tu ? Histoire d’un camp de concentration en terre de Beauce, Comité du Souvenir du Camp de Voves, 2001

    Longtemps ignoré du grand public, les camps d'internement sous administration française durant la Seconde Guerre Mondiale apparaissent au grand jour depuis quelques années.

     

     

    Le CENTRE DE SEJOUR SURVEILLE DE VOVES figure en annexe à la circulaire n° 127 Pol. Cab. du 31 janvier 1942 du Ministère de l'Intérieur comme étant en voie d'installation.

    De 1939 à 1946, la France a interné 600.000 personnes (Espagnols, réfugiés allemands et autrichiens, juifs, communistes, tziganes, etc.) dans un nombre de camps très important et dont certains sont encore peu ou pas connus.

    Il n'existe, pour beaucoup de camps, aucune trace de correspondance émanant des internés. Certains autres ont même totalement disparu de la mémoire.

    André Thibault, d'une gentillesse de grand-père, champion d'Eure et Loir de lutte gréco-romaine, dégagé des obligations militaires,s'engagea dans la résistance. Sa famille est native d'Illiers et d'Authon du Perche, il est possible qu'il y ait un lien de famille avec l'instituteur de Miermaigne et de La Bazoche qui écrivit dans la société Dunoise, il y fort longtemps.

    Quant à son épouse, originaire de Nogent-le-Rotrou de son nom de jeune fille : Elizabeth Pinceloup de la Moricière et Jeannine Migdal, l'épouse d'André Migdal, furent toutes les deux exemplaires de patience car elles ont accompagnées sans faiblesses leurs héros de maris, toujours sur ces chemins de mémoires, afin que les générations futures n'oublient-pas.

     

    André Migdal, est né à Paris, originaire de Pologne, il entra dans la résistance à 16 ans, sixième d'une famille de onze enfants, une partie de sa famille fût déportée en allemagne.

    Je me souviens de cette visite dans un groupe scolaire de Voves, oû répondant aux questions des élèves sans hésitations, sauf quelques petits temps morts, le temps d'adapter la réponse... Avez-vous manger de la chair humaine ?, réponse : une cigarette pour une cuisse ! ce fut tout.

     

    André Migdal, faisait beaucoup de conférences en France mais aussi en Allemagne et il avait encore pleins de projets, son départl aisse un vide, car ces acteurs des temps héroiques s'en vont les uns après les autres.

     

    Si vous venez à Voves dans cette période de commémoration, il peut y avoir une couleur qui vous gène, ne leur en voulez pas à ces anciens combattants, beaucoup furent les premiers au combat.

     

     

     

     Jean-Claude Vincent

     

     

     

    P.S. Chaque année au mois de mai, une commémoration à lieu sur l'emplacement du camp, avec les différentes organisations patriotiques, les élus et les personnalités de la région



     


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